Hugues Demeude Journaliste reporter, auteur-réalisateur


Femme actuelle (2006)

Laura D., pompier volontaire dans le feu de l’action

Au début, le plus dur, c’était la tenue. Pas facile d’enfiler la combinaison en un temps record. Pour ne rien laisser au hasard, cette jeune femme de 25 ans s’entraîne, deux mois durant, chronomètre en main. Elle est comme ça, Laura, perfectionniste et téméraire. Sa décision de s’engager remonte à l’enfance. Comme 200 000 pompiers volontaires en France, elle voulait s’investir dans le secourisme sur le terrain.

« Je n’ai pas le droit à l’erreur, ni au coup de fatigue »

Elle saute le pas après son bac. Parallèlement à ses études de sociologie à l’université de Perpignan, elle suit une intense formation. Au fil du temps, Laura parvient à s’imposer dans ce monde essentiellement masculin. De l’avis de ses collègues, elle a deux atouts majeurs : de réelles aptitudes physiques et de vrais qualités relationnelles, bien vite mises à l’épreuve lors des premières sorties sur le terrain : «  Au début j’ai eu l’impression d’être testée pour savoir ce que je valais, mais l’intégration s’est rapidement bien déroulée », confie t-elle avec son accent chantant. Alors que ses copines se prélassent au soleil, Laura délaisse le bronzage pour du sport intensif entre deux interventions. « Etre en bonne condition physique est pour nous indispensable ; j’aime me mesurer aux hommes de la caserne, à la course notamment. » Et les efforts, il faut en fournir pour lutter contre un feu de garrigue galopant. Lestée d’une lourde veste, sa cagoule et son casque protecteur, Laura doit agir vite, souvent en pleine chaleur, pour accomplir des gestes sûrs et précis. Pas le droit à l’erreur, encore moins au coup de fatigue. Les paysages de maquis et de garrigue qu’elle affectionne tant se transforment alors en ennemi redoutable. Les pentes sont raides, le »s herbes touffues. « Le matériel que nous avons à porter est particulièrement lourd, notamment les lances à incendie quand elles sont sous pression ! » explique Laura. Mais rien ne l’arrête.

« Ma mission : être un maillon de la grande chaîne des secours »

Toujours prête à partir au feu, elle fait preuve d’un caractère bien trempé, forgé par des origines très diverses : espagnole et belge par sa mère, anglaise et kabyle par son père. Prête physiquement et mentalement, elle ne redoute qu’une chose : découvrir, lors d’une intervention, des visages connus parmi les victimes d’un accident de la route ou d’une opération de » secours. Une appréhension bien réelle, qui ne saurait toutefois remettre en cause son engagement. « C’est au moment où l’on combat un carré de feu qu’on se sent pleinement pompier. C’est en ce sens que j’accomplis ma mission : être un maillon de la grande chaîne des secours, en serviteur humble et opiniâtre » qu’elle est.

Hugues Demeude