TOUR DES YOLES, UNE AVENTURE COLLECTIVE - Documentaire de 52 minutes
pour RFO et Thalassa (diffusion début 2005)
Présentation du documentaire
Le départ du vingtième Tour de la Martinique
des Yoles rondes a été donné le premier août dernier.
Cette course nautique aux huit régates, considérée sur
l’île comme l’événement sportif de l’année,
rassemble une escouade de navigateurs qui se sont disputés durant une
semaine les faveurs de tout un peuple. Vingt équipages de quatorze marins
sont engagés. En digne héritiers des marins-pêcheurs martiniquais
qui se servaient des yoles comme outil de travail, les régatiers locaux
sont passés maîtres dans l’art de naviguer sur ces étranges
embarcations en bois, sans gouvernail, longues de dix mètres, propulsées
à la rame et à la voile. Chaque équipage s’entraîne
tout au long de l’année pour atteindre un haut niveau de cohésion
et de maîtrise lui permettant de briguer les lauriers de cette course
prestigieuse. D’autant que toutes les yoles de la flotte représentent
la commune à laquelle l’équipage est rattaché. Une
victoire est synonyme de gloire, une contre-performance de quolibets malicieux.
Car si « dans le cœur de chaque Martiniquais, il y a une yole »
comme l’assure le dicton, il convient pour les régatiers de se
montrer à la hauteur, pour ne pas décevoir les espérances
de leurs supporters.
Dans ce contexte, l’équipage du Chabin’an se présente
comme un outsider à qui l’on demande de concrétiser enfin
les promesses qu’il a tant de fois susciter. Victorieux une seule fois
de cette course il y a quinze ans, Marc Lagier et ses marins sont les Raymond
Poulidor du Tour de la Martinique, les éternels seconds. Mais cette année,
c’est la bonne ! Pour preuve : les six adversaires les plus sérieux,
originaires des communes du François à laquelle il appartient
aussi, mais aussi du Robert, du Vauclin, ou du Marin, ont été
distancée cette année durant le championnat des yoles qui préfigure
la grande course du mois d’août.
Nous suivons l’équipe durant sa préparation d’avant
compétition et tentons de comprendre ce fort lien qui les unit. L’enjeu
de cette aventure humaine est à la mesure de leur engagement. Alain Dédé,
le propriétaire de la yole Chabin’an, motive ses troupes. Grand
défenseur de ce patrimoine typiquement martiniquais, il est le président
de l’Association des Yoles rondes fondée en 1972 par Georges Brival.
Son but : promouvoir cette tradition porteuse de toute une ferveur populaire.
Les courses de yoles qui, dans les années 70, ne mettaient en lice que
quelques pêcheurs professionnels lors des fêtes patronales sont
devenues l'affaire de toutes les communes côtières martiniquaises,
jusqu’à être promues aujourd’hui au rang de sport national.
Durant la course à couteaux tirés, étape après étape,
cet engouement pour la yole apparaît spectaculaire. Sur la côte,
alors que les marins se démènent avec les manœuvres, les
scènes de liesse se succèdent. A travers ces courses d’un
jour, dans chaque commune, ce sont la fête, la musique, la cuisine, et
la mer qui sont mis en valeur. C’est un événement qui participe
activement au rayonnement de l’île, qui lui donne un supplément
d’attrait touristique même s’il reste encore largement méconnu
en métropole. Durant la semaine de compétition, l’équipage
de Chabin’an savourent cet ferveur mais restent concentrer sur son objectif.
La navigation sur ces voiliers est déjà si complexe et aléatoire
que les marins ne peuvent s’autoriser une trop grande dépense d’énergie
extra-sportive. Les débriefings d’après course permettent
de ressouder le collectif, de redonner confiance aux navigateurs qui ont fait
des erreurs, de canaliser la passion. Le huit août au soir, l’équipage
du Chabin’an portera t-il enfin les couronnes du succès ? Dans
la gloire ou le désarroi, ces matelots valeureux pourront, quoiqu’il
arrive, se satisfaire d’avoir offert du rêve à leurs compatriotes
martiniquais qui ne manqueraient à aucun prix ce rendez-vous entremêlant
héritage patrimonial, compétition sportive, esprit festif, rivalité
communale, et aventure humaine...
Hugues Demeude
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